Manuel d’Oslo : innovation technocentrée et/ou innovation sociale ?

En 1992, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie la première version d’une série de lignes directrices internationales pour le recueil, la communication et l’utilisation des données sur l’innovation. Ce document, connu sur le nom de Manuel d’Oslo, inspire certains éléments de conception de plusieurs programmes de financement public de l’innovation à travers le monde. 

Reflétant l’évolution de l’économie mondiale, les  quatre versions successives (1992, 1997, 2005 et 2018) font évoluer la définition du concept d’innovation qui s’éloigne d’une vision scientifique et technologiste pour inclure le secteur des services et  l’innovation en matière commerciale et organisationnelle. 

Ces lignes directrices restent cependant concentrées autour des pratiques des entreprises et évoquent peu les innovations venant de la société civile. Dès 2001, l’OCDE publie un ouvrage intitulé Social Sciences and Innovation qui fait mieux cohabiter les concepts d’innovation sociale et d’innovation technologique. Ce document traite des effets secondaires des nouvelles technologies sur les changements sociaux et comment les innovations sociales et technologiques pourraient contribuer au développement des sciences sociales.

L’accélération des bouleversements économiques, sociaux, environnementaux et culturels remet aujourd’hui en cause le dogme du progrès social comme conséquence du progrès technologique. Cette prise de conscience  amène de plus en plus d’organisations publiques et privées à soutenir financièrement des initiatives d’innovation sociale par des programmes subventionnaires expérimentaux.

C’est le cas du programme pilote ENGAGEMENT, lancé en 2019 par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) sur les principes des sciences participatives et du cadre de référence des FRQ sur l’engagement citoyen en recherche. Ce programme permet à des personnes qui n’exercent habituellement aucune activité scientifique de s’impliquer dans un projet en partenariat avec des chercheuses et chercheurs œuvrant au sein des établissements de recherche reconnus pour gérer des octrois des FRQ.